6ème jour : Mardi 14 août

Publié le 15 Décembre 2013

Après l'épisode de mon enfermement extérieur, j'arrive remonté comme une pendule à la porte de la cathédrale. Fermée ! Je boue, je fulmine, je creuse le pavé à faire les cent pas devant la cathédrale. Angel arrive à 8h15 et ouvre. Il s'excuse immédiatement pour la veille, platement. Je dégonfle. D'un tout petit cran. En lui faisant comprendre que j'étais bien agacé avec cette histoire.

Je prends le petit déjeuner avec Justo, un bol de lait avec des céréales Eko de Nestlé (une sorte de chicorée). Levé depuis l'aube, inaccessible aux tracasseries humaines et logistiques de son chantier, il ne s'occupe guère de la fermeture des portes, pas plus des finances ou de la sécurité d'ailleurs. Il ne se sent donc nullement responsable de mes péripéties d'hier et rit de bon coeur de mon histoire de pêche au sac, que je lui présente avec force mimique étant donné mon vocabulaire limité. Il m'indique que demain, nous ne travaillons pas, puisque c'est le jour de la Vierge. Je lui répond que c'est l'évidence même, ce qui l'étonne à moitié puisqu'il me demande si je suis chrétien. Chacun ses motivations et cet édifice absorbe tous les volontaires quelles que soient les raisons qui les motivent. Quand je lui demande l'horaire de la messe, il m'invite à y aller avec lui. Je me fais repréciser l'horaire.

Justo me reprend dare-dare sous son aile et me réassigne au déplacement des sacs d'argile. Fini pour moi le plâtre, modeste travail à la truelle qui me relie à la grande confrérie des guildes médiévales de constructeurs. Me voilà retourner chez les sherpas et modestes petites mains du chantier. Il me faudra finalement la matinée pour faire un beau tas bien propre de tous ces sacs.

Le déjeuner voit de nouveau une belle occasion de chambrer le cuisinier Julian. Il nous sert de la viande mais il est le seul à ne pas avoir de bon couteau, alors que Angel à son beau couteau de chasse, en bon homme des chantiers, et que j'ai mon tatout de l'armée française, seul couteau militaire au monde à être équipé d'un tire-bouchon (fabrication française). Justo se contente d'un frugal repas de haricot.

Il me faut reprendre ensuite mon ouvrage. J'appréhende et me dirige discrètement vers mon muret, prêt à emplâtrer de plus belle. Mais le maître des lieux m'arrête et m'emmène sur le toit du presbytère, toit-terrasse pour être précis, avec un pot de peinture. Je peux peindre d'un bleu très clair les barreaux et arches qui constituent la balustrade de ce toit. Je suis touché par la confiance témoignée par Justo, qui semble enfin comprendre ma démarche et accepter que je l'aide à "construire" la cathédrale. Je ne sais pas si mon noviciat est fini mais je suis enchanté de cette évolution. A quelques jours de mon départ, je m'intègre un peu plus à la vie de cette tribu.

Mon appareil photo tombe sur l'objectif et ne se refermera pas, victime de l'obsolescence programmée. Lorsque je quitte les lieux, Julian insiste pour que je déjeune avec tout le monde le lendemain, il nous promet un plat des grands jours.

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J'ai les lèvres gercées, ici c'est sec, chaud et la clim dans la chambre ne doit rien arranger.

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Aux personnages que l'on peut rencontrer sur cet étrange chantier, on peut ajouter un équatorien qui donne un coup de main de temps en temps et vient taper la discute.

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Il y a des nids de cigognes (au moins trois) sur les dômes du toit.

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Justo a un micro-chien, Doña, une petite femelle qui aboie tout le temps et réclame à manger. Le viel homme s'amuse beaucoup avec ce petit compagnon.

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Angel a trois chiens : deux bergers allemands et un lévrier très moche. Drôle de bestiaire !

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Rédigé par Florian

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